Diplomatie

La Russie ne peut pas être une solution de remplacement pour l’Afrique Francophone

Le 2 mars 2022, l’Assemblée générale de l’ONU avait proposé une résolution qui exige que la Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l’Ukraine. 141 pays approuvent la résolution, alors que 5 s’y opposent et 35 s’abstiennent dont 25 pays africains. En effet, lors du vote de la résolution, l’Ethiopie, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Burkina Faso, le Togo, le Cameroun, l’Eswatini et le Maroc, ont décidé de ne pas prendre part au vote. Pour leur part, l’Algérie, l’Ouganda, le Burundi, la République centrafricaine, le Mali, le Sénégal, la Guinée équatoriale, la République du Congo (Congo-Brazzaville), le Soudan, le Soudan du Sud, Madagascar, le Mozambique, l’Angola, la Namibie, le Zimbabwe et l’Afrique du Sud, se sont carrément abstenus de voter. L’Érythrée a été l’unique pays africain à avoir voté contre cette résolution.

La politique africaine de la Russie, il faudrait considérer la période où ce pays était l’URSS, puisque les premières années de cette politique ont été dessinées dans cette période. L’URSS a eu des relations de coopération avec plusieurs pays africains du temps de la guerre froide (1945-1991). En Afrique de l’Ouest, principalement la Guinée et le Mali qui ont eu des présidents socialistes dès leur indépendance Ahmed Sekou Touré et Modibo Keïta), ont noué des partenariats avec l’URSS.
L’effondrement du bloc de l’Est au début des années 1990 a aussi coïncidé avec un désengagement de l’URSS du continent africain, avec la fermeture de plusieurs ambassades. Depuis à peu près une dizaine d’année, la Russie est revenue sur le continent africain, d’abord discrètement, puis de manière plus ouverte, notamment en République centrafricaine (RCA) et au Mali, plus récemment (Avec le groupe Wagner).

Ce retour mérite d’être observé avec grand intérêt parce qu’il se déroule dans le domaine militaire et dans le cadre d’une nouvelle ère des relations internationales qu’on appelle la rebipolarisation (retour de la guerre froide) datant de 2011. Ce qui est certain, sans savoir les détails, c’est que le retour de la Russie en Afrique, avec un président conflictuel comme Vladimir Poutine, va bouleverser le paysage africain, étant donné que l’Afrique est l’un des principaux théâtres géopolitiques du monde.
Partant de ce constat, plusieurs personnes demandent si la Russie pourrait être une solution de remplacement pour l’Afrique francophone, cette question est généralement posée sans tenir compte des plans que la Russie a pour l’Afrique. Il faut surtout se demander ce que la Russie prévoit pour le continent africain, étant donné que ce continent n’arrive pas à définir et à défendre une ligne d’intérêt. L’idéal aurait été qu’une Afrique politique constituée d’une alliance des dirigeants africains solidement ancrée dans les sociétés africaines définisse des priorités africaines et les négocie avec les puissances étrangères, y compris la Russie et la Chine.

Il serait, de toute façon, très difficile que les pays africains se détachent brutalement des pays occidentaux pour ne commercer qu’avec la Russie ou la Chine. Il faut donc négocier les champs de coopération, ce qui nécessite une Afrique forte politiquement. La tâche immédiate serait le renforcement de la capacité politique des pays africains à défendre leurs intérêts dans des partenariats raisonnables. Il est connu que la Russie n’est pas une puissance économique, elle ne serait donc pas un allié qui pourrait remplacer les partenaires habituels des pays africains pour les financements de son développement.La visite de Macky Sall en Russie, ce vendredi, pour demander à Poutine la facilitation de l’exportation des céréales ukrainiennes et des engrais n’a aucun sens, l‘Afrique n’a pas besoin de tourner vers la Russie pour éviter une crise alimentaire, la Russie n’est pas le seul pays producteur de céréales, l’Afrique peut compter sur ses grands amis les États-Unis, l’UE et le Canada 3 grands producteurs de céréales.

La chine grande amie de la Russie n’est pas allée se plaindre chez Poutine, c’est surtout auprès du Canada, des États-Unis, de la France, mais aussi de l’Australie que la Chine achète ces céréales.
Si l’Union Africaine craint pour une émeute de la faim, elle doit renforcer sa coopération avec l’UE, le Canada, les États-Unis et l’Argentine , ces pays peuvent continuer à aider à l’Afrique de combattre son insécurité alimentaire.

INNOVA NEWS / Elizabeth JACQUES

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